
[0163] l'air issu des remparts, après
un bon dîner, se promener et
promener son chien en rêvant et en digérant, comme le font tant de citadins,
quand il fait beau?
[0164] Mais ce
cigare dont je parle, n'était-il
peut-être pas en réalité un brûle-
gueule, et ces espadrilles tout
simplement des chaussures cloutées
blanches de poussière, et ce chien
qu'est-ce qui l'empêchait
d'être un chien errant que l'on
[0164] ramasse et prend dans ses bras,
par compassion ou parce qu'on
a erré longtemps seul sans
autre compagnie que ces routes sans
fin qu'écorchent ses pas , que ces
sables, galets, marais, bruyères, que
cette nature relevant d'une autre justice,
que de loin en loin un co-détenu
[0164]
qu'on voudrait aborder, embrasser traire,
allaiter, et qu'on croise, les yeux
mauvais, de crainte qu'il ne se
permette des familiarités.
- Segments
Molloy © 2016 Samuel Beckett Digital Manuscript Project.
Editors: Magessa O'Reilly, Dirk Van Hulle, Pim Verhulst and Vincent Neyt