Samuel Beckett
Digital Manuscript Project
Molloy

MS-HRC-SB-4-6

X
Segment 1

[1739] sur le dos, tantôt à plat ventre,
tantôt sur un côté, et le plus
possible les pieds plus haut que
la tête, pour que le sang s'y dé-
coagule.
[1740] Et se coucher les pieds
plus haut que la tête, lorsqu'on
a les jambes raides, c'e ce n'est
pas une affaire de tout repos.

X
Segment 2

[1741] Mais soyez tranquilles, j'y arrivais
[1742] quand il s'agit de mon confort je
ne regarde pas à la dépense.
[1743] La
forêt était tout autour de moi, et
les branches des arbres, s'entremêlant
à une hauteur prodigieuse (par
rapport à la mienne) me protégeait
du jour et des intempéries.

X
Segment 3

[1744] Certains
jours je ne fais faisais pas plus de trente à
40 mètres, parole je le jure.
[1745] Dire
que je trébuchais parmi d'impéné-
trables ténèbres, non, je ne dirais
pas.
[1746] Je trébuchais, mais pas dans
d'impénétrables ténèbres, n'exagérons
rien.

X
Segment 4

[1747] Car il y régnait une sorte
d'ombre bleue, plus que suffisante
à mes besoins visuels.
[1748] Je m'étonnais
que cette ombre ne fût pas verte,
plutôt que bleue, mais je la
voyais bleue, et elle l'était peut-être.

X
Segment 5

[1749] Les rayons rouges du soleil, se mêlant
au vert des feuilles, donnaient
un résultat bleu, c'est comme
ça que je finis par me tranquilliser.

[1753] Mais de temps en temps je tombais
sur une sorte de petit carrefour, un
moyeu quoi, comme il y en a
dans tou presque toutes les forêts, même
les plus inexplorées.

X
Segment 6

[1754] Et alors me tournant
consciencieusement [ADDITION]Addition on page 108vméthodiquement vers les allées qui en rayonnaient, avec
je ne sais quel espoir, je faisais
ainsi un tour complet, sur moi-même,
ou moins d'un tour, xxx ou plus d'un tour,
car je ne savais quand m'arrêter,

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