Samuel Beckett
Digital Manuscript Project
Malone meurt / Malone Dies

MS-HRC-SB-7-4

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Segment 1

[0857] fussent. [0857|001] Et ils se renseignaient à la
première occasion, afin d'être tout à
fait tranquilles.
[0858] Vous pensez donc qu'il
était difficile à Sapo de glisser inapercu ,
à l'ombre des arbres le long du ruisseau,
à supposer qu'il eût été capable de
glisser. Car il trébuchait plutôt.

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Segment 2

[0859] Et tous levaient la tête et le re-
gardaient faire, puis se regardaient
les uns les autres, avant de se pencher
à nouveau sur la terre.

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Segment 3

[0860] Et sur chaque
face inclinée vers la terre brièvement il errait peut-être
un petit sourire qui n'en était pas un tout
à fait, un petit rictus plutôt mais sans
méchanceté, et chacun se demandait
peut-être si les autres ressentaient
la même chose et se promettait
de s'en informer, à la première réunion.

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Segment 4

[0861]
[0861] Mais de Sapo qui s'éloignait en trébuchant,
tantôt à l'ombre des arbres séculaires
dont il ignorait l'espèce, tantot
dans la clarté de la haute prairie,
tellement sa démarche était in-
certaine, de Sapo le visage était
grave comme toujours, et sans expression.

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Segment 5

[0862] Et quand il s'arrêtait ce n'était pas
pour mieux penser, ou pour regarder
mieux son rêve, mais seulement
que la voix qui lui disait d'avancer
s'était tue.

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Segment 6

[0863] Et alors de ses yeux pâles il
fixait la terre sans en voir la beauté,
[ADDITION]Addition on page 03vni l'utilité, ni les petites fleurs qui y poussent, aux
mille teintes subtiles, à l'aise parmi les
cultures et les herbes folles.

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Segment 7

[0864] Mais ces stations
étaient de courte durée, car il était
encore jeune.
[0865] Et le voilà à nouveau
lourdement errant à travers la vaste
terre, passant d'ombre en clarté,
de clarté en ombre, avec indifférence.

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Segment 8

[0866] Quand je m'arrête, comme tout à
l'heure, les bruits reprennent avec
une force étrange, ceux dont c'est
l'heure.
[0867] De sorte qu'il me semble
retrouver l'ouïe de ma jeunesse.

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Segment 9

[0868] Alors dans mon lit, dans l'obscurité,
par les nuits de tempête,
je savais, faire la part dans le grand hurlement
du dehors, des feuilles, des branches,
des troncs qui se ployaient, de l'herbe
même, et de la maison qui m'abritait.
[0869] Chaque arbre avait sa façon de crier, comme

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