
[1226] en lentes cascades dessus.
[1227] De sorte que
je ne voyais rien, sinon cette nuque
blanche et tendue à se rompre, que
je mordillais par moments, telle est
la puissance de l'instinct.
[1228] Nous fîmes connaissance dans un
terrain vague, je le reconnaîtrais
entre mille, et pourtant ça se
ressemble, les terrains vagues.
[1229] J'ignore ce qu'elle y faisait,
[1230] moi
je remuais mollement les détritus,
en me disant sans doute, car à cet âge-là je devais avoir des
vues générales, Voilà ma vie.
[1231] Elle
n'avait pas de temps à perdre, moi
je n'avais rien à perdre, j'aurais
fait l'amour avec une chèvre, pour
connaître l'amour.
[1232] Elle avait un
appartement coquet, non, pas coquet,
cela respirait l'envie de trouver sa
position et de ne plus se relever,
[1233] il
me plaisait.
[1234] [ADDITION]Addition on page
58vIl était plein de petits
meubles, sous nos coups déses-
pérés le cosy avançait sur ses
roulettes, tout tombait autour
de nous, c'était le pandémonium.
[1238] Enfin c'est elle qui
prit les devants, dans le terrain
vague, en posant sa main sur ma
braguette.
[1239] Plus précisément moi
j'étais plié en deux sur un tas de
saletés, espérant y trouver de
quoi me dégoûter d'avoir faim,
et elle, m'abordant par derrière,
passa sa canne entre mes jambes et
entreprit d'en flatter mes parties.
- Segments
Molloy © 2016 Samuel Beckett Digital Manuscript Project.
Editors: Magessa O'Reilly, Dirk Van Hulle, Pim Verhulst and Vincent Neyt