Samuel Beckett
Digital Manuscript Project
That Time / Cette fois

MS-UoR-1657-2

MS. Pages: 01r - 05r 06r - 09r
[p. 06r]

[0051] le planeur qui passait jamais de changement mêmes cieux d'azur jamais rien de changé sinon elle là ou non avec toi à ta main droite toujours main droite à la limite du champ et de temps à autre dans le grand silence calme silence si bas à peine un murmure comme quoi elle aimait t'aimait difficile à croire que toi m!ême toi aies jamais pu inventer ce détail-là jusqu'à cette dernière fois enfin

[0054] cette dernière fois enfin où tu as essayé et n'as pas pu à la fenêtre dans le noir et le hibou la chouette envolée huer après quelqu'un d'autre ou retrouvergagner son arbre creux avec une musaraigne et plus un bruit heure après heure heure après heure plus un seul bruit où tu as essayé tant que tu as pu et n'as pas pu plus possible plus de moyts pour contenir le vide alors plus qu'à renoncer y renoncer là à la fenêtre dans le noir nuit noire ou clair de lune y renoncer pour de bon et le laisser venir et pas plus mal qu'avant vaste suaire venu t'engloutirensevelir et pas plus mal qu'avant ou guère pas plus ou guère

[p. 07r]
C

[0016] quand tu t'es mis à l'abri de la pluie toujours l'hiver alors toujours la pluie cette fois dans la Galerie salle au Musée des PPortraits à l'abri du froid de la pluie de la rue guetté le moment pour te faufiler et à travers les salles transi et ruisselant jusqu'au premier banc venu dam dalle de marbre où t'affelr t'affaler te reposer te sécher puis foutre le camp loin de là quand c'était

[0019] est-ce que ta mère ah tais-toi tous liquidés belle lurette tous poussière toute la tribu toi le dernier affalé sur la dalle dans le vieux manteau vert blotti dans tes bras à qui d'autre pour un peu de chaleur histoire de te sécher et foutre le camp loin de là t'affaler ailleurs pas âme qui vive alentour seul toi et par moments de loin en loin un gardien somnambulant par là traînant ses semelles de feutre pas un bruit sauf de loin de loin une tranée traînée de feutre s'approchant puis s'évanouissant se mourant

[0022] et là au bout d'un moment ayant hissé la tête devant tes yeux sitôt ouverts ayant ouvert les yeux une vaste huile noire d'antiquité et de crasse quelqu('un célèbre de son vivant homme ou femme voire enfant tel prince ou princesse quelconque jeune prince ou princewsse du sang noir d'antiquité derrière le verre où peu à peu devant tes yeux ecarquillés à vouloir y voir clair un visage (est apparu) qui t'a fait pivoter sur la dalle pour voir qui c'était là à tes côtés

[0024] jamais le même après cela depuis jamais tout à fait le même maiws cela n'avait rien de nouveau ceci cela monnaie couragnte les choses après depuis quoi tu ne pouvais jamais être le même te te traînant à llongueur d'année jusqu'au cou dans ton gâchis de toujours en te marmonnant à qui d'autre tiu ne seras jamais le même après ceci tu n'as jamais été le même après cela

[0030] jamais le même mais le même que quoi bon Dieu t'es-tu jamais dit je de ta vie allons (yeux se ferment, légère baisse de l'éclairage) as-tu jamais pu te dire je de ta vie tournant voilà un mot que tu avais toujours à la bouche avant qu'ilqselle ne sèchent tarisse(nt) pour de bon les tournants de ta vie toujours toute ta vie dans les tournants l'un après l'autre alors que jamais qu'un seul premier et dernier cette fois petit vermisseau blotti dans la vase où ils t'ont tiré de là et débarbouillé et détortillé jamais d'autre tournant après celui-là tout droit devant toi à partir de là ou est-ce que c'étaist ça une autre fois tout ça une autre fois

DOODLE 3

[p. 08r]
C

[0033] () quand tu t'es mis à ne pas plus te connaître ni d'Eve ni d'Adam à essayer voir ce que ça donnerait pour changer ne pas plus te connaître ni d'Eve ni d'Adam aucune idée qui disait ce que tu disais à qui le crâne où tu moisissais de qui les misères qui t'aveaient rendu tel ou est-ce que c'était ça une autre fois cette fois seul avec lews portraits des morts noirs de crasse et d'antiquité et les cdates sur les cadres pour pas qu'on se tromêpe de siècle ne pouvant croire que ce c'était toi en attendant jusqu'à ce qu'on te mette flanque dehors sous la pluie à l'heure de la fermeture

[0036] la pluie et l'éternelle vadrouille cherchant à l'inventer ainsi t'inventer ainsi au fur et à mesure à essayer voir ce que ça donnerait pour changer ne pas avoir été ce que ça pouvait bien donner n'avoir jamais été l'éternelle vadrouille cherchant le truquage être en chose s'acharnant à truquer maquiller l'être en chose passe-passe tout au truquage de l'être en chose titubant marmonnant aux quatre coins de la paroisse en attendant que jusqu'à ce que les mots la bouche sèchent tarisse(nt) et que la tête tarisse et []que les james jambes tarissent de à qui qu'ilselles soient fussent soient ou que la chose renonce quelle qu'elle soit fût soit

[0040] toujours l'hiver alors toujours la pluie toujours à guetter le moment pour te faufiler quelque part à l'abri du froid de la rue du froid de la pluie dans le vieux manteau vert indéchirable héritage de ton père rien que des lieux à l'entrées libres telle la Bibliothèque Municipale en voilà une autre vive la culture gratuite providence des sans-abri ou le bureau de la poste en voilà une autre un autre lieu une autre fois

[0047] toujours l'hiver alors hiver sans fin à longueur d'année comme si elle ne pouvait finir l'année finissante ni tle temps aller plus loin cette fois au bureau de poste tout ébullition fin d'année guettéer le moment pour t'y faufiler à l'abri de la rue du froid de la pluie pousséer la porte comme (n'importe qui) (le premier venu) et tout droit ni à droirte ni à gauche à la table avec toutes les formules et les stylos captifs t'affaler sur le premier siège de libre venu et coulaiser un (coup d')oeil à la ronde pour changer avant de t'assoupir

[0050] crainte d'éjection peut-être n'ayant visiblement rien à que foutre dans ce lieu sans parler des de tes dehors dégoûtants d'où ce coup d'oeil à la ronde poyur une fois sur tes dégueulasses semblables en remerciant Dieu pour une fois tout infect que tu étais que tu n'étais pas de ne pas être comme eux (et) puis te rendant peu à peu à l'évidence qu'en tant qu'objet de dégoût tu auriaais pu tout aussi bien ne pas être là parmi sous tous ces yeux qui te gloissaientd glissaient dessus ou te passaient à travers comme à travers un vide une fumée ou est-ce que c'était ça une autre fois un autre lieu une autre fois une autre fois

[p. 09r]
C

[0053] la Bibliothèque en voilà une autre un autre lieu une autre fois cette fois où tu as guetté le moment pour t'y faufiler à l'abri due la rue du froid de la pluie quelque chose là après quoi tu n'as jamais pu être le même jamais pu être tout court quelque chose à voir ace la avec la poussière quelque chose que la poussière t'a dit assis à la grande table ronde avec une gerbe tapée de croulants courbés sur la page et pas un bruit

[0056] pas un bruit sinon les vieux souffles et les pages tournées lorsque soudain cette poussière le lieu tout entire soudain plein de poussière en ouvrant les yeux du plancher au plafond rien que poussière et pas un bruit sinon qu'est-ce qu'elle a dit venu parti est-ce que c'était ça quelque chose comme ça venu parti venu parti personne venu personne parti (en un rien de temps parti en un rien de temps) à peine venu parti à peine venu parti

[0057] Silence. [0057|001] Légère montée de l'éclairage. [0058] Respiration audible. [0059] Au bout de 3 secondes les yeux s'ouvrent. [0060] Sourire, édenté de préférence. [0061] 5 secondes. L'éclairage s'éteint lentement. Rideau

MS. Pages: 01r - 05r 06r - 09r