Digital Manuscript ProjectThat Time / Cette fois

B [0034] jamais un regard
ôpour son visage ou autre partie jamais
un geste vers elle ni d'elle vers toi toujours par!allèles
comme au de aux deux bouts d'un essieu jamais l'un vers
l'autre rien que deux taches floues aux limites du champ
sans jamais vous toucher ni rien de cette nature toujours
de l'espace entre vous ne serait-ce qu'un centimètre point
d'attouchements manière chair et sang guère mieux que
deux ombres guère plus mal n'eussent été les serments
A [0035] plus de tram pour y aller alors quoi faire pas question
de demander plus un seul mot aux vivants tant que tu viyvrais
à pied donc à la fin plié en deux jusqu'à la gare y aller
par le train et là tout bouclé et barricadé le terminus
néo-dorique du réseau sud-est tout bouclé et la colonnade
tombant en ruine alors quoi faire
C [0036] la pluie et l'éternelle vadrouille cherchant à l'inventer
ainsi à t'incventer ainsi au fur et à mesure à essayer voir
ce que ça donnerait pour changer ne pas avoitr été ce que
ça pourrait bien donner n'avoir jamais été l'éternelle
vadrouille tout au truquage de l'être en chose titubant
marmonnant aux quatre coins de la paroisse jusqu'à ce que
la bouche tarisse et que la tête tarisse et que les jambes
tarissent à qui qu'elles fussent ou que la chose renonce
quelle qu'elle fût
B [0037] immobiles comme marbre toujours immobiles comme cette fois
sur la pierre ou cette fois dans les dunes étendus parallèles
sur le sable au soleil fixant l'azur ou les yeux fermés
azur noir azur noir immobiles comme marbre cte côte à côte la
scène fait surface et vous y revoilà où que ce fût
A [0038] alors plus qu'à renoncer y renoncer affalé sur une marche
au sous le pâle soleil du matin non jamais de soleil sur ces
marches-là ailleurs donc aller t'affaler ailleurs sous le
pâle soleil un pas de porte disons un pas de porte à
quelqu'un attendre que la nuit vienne et l'heure de rem-
barquer foutre le camp te sauver loin de là pas besoin de crécher
nuller part au diable les vieux lieux les vieux noms les
passants se figeant bouche bée à ta vue puis passant outre
passant leur chemin de l'autre côté
B [0039] immobiles comme marbre côte à côte avant de sombrer et
disparaître sans avoir plus bougé que les deux boules
d'un haltère à part les paupières et de temps à autre les
lèvres pour jurer amour et tout autour aussi tout immobile
toutes parts où que ce fùut fût rien qui bouge aucun bruit
seules les feuilles à peine dans le petit bois derrière
ou les épis ou les jo,ncs ou les roseaux selon d'homme nulle
trace de bête non plus à perte de vue à perte d'ouïe
C [0040] toujours l'hiver alors toujours la pluie toujours à guetter
le moment pour de te faufiler quelque part à l'abri de la rue
du froid de la pluie dans le ton vieux manteau vert indéchirable
héritage de ton père rien que des entrées libres telle la
Bibliothéque Municipale en voilà une autre vive la culture
gratuite providence des sans-abri ou le bureau de poste
en voilà un autre un autre lieu une autre fois
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That Time / Cette fois © 2022 Samuel Beckett Digital Manuscript Project.
Editors: James Little and Vincent Neyt