Samuel Beckett
Digital Manuscript Project
Molloy

MS-HRC-SB-4-6

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Segment 1

[1140] toxiques soit dans ce qu'elle me
donnait à boire, soit dans ce qu'elle
me donnait à manger, et
peut-être les deux, ou un jour
l'autre et l'autre l'autre.
l'un un jour l'autre.
[1141] C'est une
grave accusation que je profère là,
et je ne le fais pas à la légère.

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Segment 2

[1142] Et je le fais sans ressentiment,
oui, je l'accuse sans ressentiment
d'avoir ajouté à mes aliments
des poudres et des liquides mal-
faisants et sans goût.
[1143] D'ailleurs
ils aurait eu un goût que cela
n'aurait rien changé, j'aurais
tout avalé avec la même bonhomie
exactement,

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Segment 3

[1144] ce fameux relent
d'amandes par exemple, ce n'est
pas lui qui m'aurait coupé
l'appétit.
[1145] Mon appétit! [1146] Parlons-en
un peu.
[1147] Quelle chose extraordinaire
que mon appétit!

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Segment 4

[1148] Je l'avais très
petit, je mangeais extrêmement
peu, mais le peu que je mangeais
je le dévorais avec une frénésie
qu'on associe plutôt avec les
gros mangeurs, et à tort, car
les gros mangeurs en général
mangent avec lenteur et méthode,
c'est co

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Segment 5

[1149] tandis que moi je me
jette sur le plat unique, en
avale engouffre la moitié en deux bouchées
de poisson de proie, je veux dire
sans mastiquer, puis le pousse
loin de moi avec dégoût.
[1150] On
dirait que je mange pour vivre.

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Segment 6

[1151] De même j'avale 5 ou 6 pots de
bierre coup sur coup, ne m'interrom-
pant que juste le temps de déboucher
les bouteilles, puis ne bois rien
pendant 5 ou 6 jours.
[1152] Que voulez-vous,
on est ce qu'on est, en partie tout

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