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[2723] Molloy, ou Mollose, n'était pas un inconnu pour moi.
[2724] Si j'avais eu des collègues, j'aurais pu suppcon [2740] La mère Molloy, ou Mollose, ne m'était pas non plus complètement étrangère, il me semblait. [2741] Mais elle était |
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[2743] De ces deux noms, Molloy et Mollose, le dernier me semblait peut-être le plus correct. [2744] Mais de très peu. [2745] Ce que j'entendais, dans mon for intérieur sans doute, c'était une première syllabe, Mol, très nette, suivie presque aussitôt d'une seconde des plus cotonneuses, et qui pouvait être oy comme elle pouvait être ose, ou ote, ou one, ou même oc. [2746] Et si je concluais à ose, c'était probablement que mon esprit avait un faible pour cette terminaison, tandis que les autres n'y faisaient vibrer aucune corde. [2747] Mais du moment que Gaber avait dit Molloy, non pas une fois, mais plusieurs, et chaque fois avec une égale décision, force m'était de reconnaître que moi aussi j'aurais dû me dire Molloy, et qu'en me disant Mollose je faisais erreur. [2748] Et dans la suite, oublieux de mes préférences, je m'obligerai à dire Molloy, comme Gaber. [2749] Qu'il pût s'agir de deux personnes |
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[2752] J'étais donc au courant de Molloy, sans savoir grand-chose sur son compte. [2753] Je dirai brièvement le peu que je savais sur lui. [2754] Je soulignerai, à la même occasion, dans la connaissance que j'avais de Molloy, les lacunes les plus frappantes. [2755] Il disposait de très peu d'espace. [2756] Le temps aussi lui était mesuré. [2757] Il se hâtait sans cesse, comme avec désespoir, vers des buts extrêmement proches. [2758] Tantôt, prisonnier, il se précipitait vers je ne sais quelles étroites limites, tantôt, poursuivi, il se réfugiait vers le centre.
[2759] Il haletait.
[2760] Il n'avait qu'à sugir [2761] Même en rase campagne il avait l'air de se frayer un chemin. [2762] Il chargeait plus qu'il ne marchait, [2763] et cependant n'avançait que très lentement. [2764] En même temps il se balançait, à droite et à gauche. Il avait quelque chose d'un ours. [2765] Il roulait la tête en proférant des mots inintelligibles. |
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[2768] Il était toujours en chemin. [2769] Je ne l'avais jamais vu se reposer. [2770] Parfois il s'arrêtait et jetait autour de lui des regards furieux. [2771] C'est ainsi qu'il me visitait, à des intervalles très espacés. [2772] Je n'étais plus alors que fracas, lourdeur, colère, étouffement, effort incessant, forcené et vain. [2773] Tout le contraire de moi, quoi. [2774] Cela me changeait. [2775] Je le voyais disparaître, dans une sorte de hurlement de tout le corps, presque à regret. [2776] Quant à savoir où il voulait en venir, je n'en avais pas la moindre idée. [2777] Rien ne m'indiquait non plus l'âge qu'il pouvait avoir. [2778] cet aspect que le je lui voyais, je me disais qu'il devait l'avoir depuis toujours et qu'il le garderait jusqu'à la fin, fin que j'avais du reste du mal à me représenter. [2779] Car sachant ne pouvoir concevoir ce qui avait pu le mettre dans cet état, je ne concevais pas non plus de quelle manière, laissé à ses propres moyens, il allait pouvoir y mettre un terme. [2780] Une fin naturelle me semblait peu probable, je ne sais exactement |