Digital Manuscript ProjectMalone meurt / Malone Dies

Parle
[0793] La femme, s'arrêtant un instant entre
deux courses, levait les bras au ciel,
les laissait retomber lourdement,
parce que ça la fatiguait de les
maintenir en l'air,
[0794] puis leur imprimait,
à chacun de son côté, des mouvements
difficiles à décrire et dont même
la signification, sur le moment,
n'était pas claire.
[0795] Elle
les écartait en effet de ses flancs
et les agitait, je
dirais brandissait si j'ignorais
mieux le génie de votre langue.
[0796] Ça ressemblait au
geste étrange, à la fois
coléreux et désarticulé, du bras
secouant un torchon, ou un
chiffon, par la fenêtre, pour en faire
sortir la poussiere .
[0797] Les mains
vides trépidaient
inertes, si fort qu'il semblait
y en avoir 4 ou 5, au bout de
chaque bras.
[0800] Ceux-ci étaient
abondants, gris et sales, car elle
n'avait pas le temps de s'en occuper,
et le visage était pâle et
maigre et comme gougé par
les soucis et par l'amertume en
résultant.
[0801] La gorge - non, c'est
la tête qui importe et les bras qu'elle
appelle les premiers à son secours, qui
se croisent, gesticulent et puis
reprennent en maugréant le travail,
soulevant des objets inertes et les
changeant de place, les rapprochant
et les écartant les uns des autres.
deux courses, levait les bras au ciel,
les laissait retomber lourdement,
parce que ça la fatiguait de les
maintenir en l'air, [0794] puis leur imprimait,
à chacun de son côté, des mouvements
difficiles à décrire et dont même
la signification, sur le moment,
n'était pas claire. [0795] Elle
les écartait en effet de ses flancs
et les agitait, je
dirais brandissait si j'ignorais
mieux le génie de votre langue. [0796] Ça ressemblait au
geste étrange, à la fois
coléreux et désarticulé, du bras
secouant un torchon, ou un
chiffon, par la fenêtre, pour en faire
sortir la poussiere


inertes, si fort qu'il semblait
y en avoir 4 ou 5, au bout de
chaque bras. [0798] En même temps elle
proféraient

furieuses et sans réponse, dans le
genre de, A quoi bon? [0799] Ses cheveux
se dénouaient alors et lui tombaient
autour du visage. [0800] Ceux-ci étaient
abondants, gris et sales, car elle
n'avait pas le temps de s'en occuper,
et le visage était pâle et
maigre et comme gougé par
les soucis et par l'amertume en
résultant. [0801] La gorge - non, c'est
la tête qui importe et les bras qu'elle
appelle les premiers à son secours, qui
se croisent, gesticulent et puis
reprennent en maugréant le travail,
soulevant des objets inertes et les
changeant de place, les rapprochant
et les écartant les uns des autres.
[0802] Mais cette pantomime et ces paroles amères
n'étaient pas à l'adresse de Sapo, ni
de personne en particulier. [0803] Car tous
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Malone meurt / Malone Dies © 2017 Samuel Beckett Digital Manuscript Project.
Editors: Dirk Van Hulle, Pim Verhulst and Vincent Neyt