Digital Manuscript ProjectMalone meurt / Malone Dies

[0774|001] C'était les Louis, de tous les fermiers
des environs, que Sapo visitait le plus
souvent, et auprès de qui il restait
le plus longtemps et le plus volontiers.
[0774|002] Il apportait quelquefois à la femme
des petits cadeaux, quelques aiguilles, un des aiguilles, des boutons,
peu de fil
du fil, qu'il prenait dans la boîte à
ouvrage de sa mère.
[0789] Dans la cuisine
misérable, au sol de terre battue,
il avait sa place, près de la petite
fenêtre.
[0792] Il y avait tant à faire, et si si peu de temps, si peu de
bras. [⁁]
[ADDITION]Addition on page
89v
La femme, s'arrêtant un instant entre
deux courses, levait les bras au ciel,
les laissait retomber lourdement,
parce que ça la fatiguait de les
maintenir en l'air,
puis leur imprimait,
à chacun de son côté, des mouvements
difficiles à décrire et dont même
la signification, sur le moment,
n'était pas très claire.
Elle
les écartait en effet de ses flancs
et les secouait agitait, je
dirais brandissait si j'ignorais
mieux le génie de la votre langue.
Ce
mouve gesteCe mou C'était presque ce Ça ressemblait au mouvement geste étrange, à la fois
coléreux et désarticulé, des bras du bras qui secouent secouant des torchons un torchon, ou du un
chiffon, par la fenêtre, pour en faire
sortir la poussiere [for poussière].
Les grosses mains
vides et vagues [The start of a new writing implement: red ink.] vides gigotaient trépidaient
inertes, si vite fort qu'il semblait
y en avoir 4 ou 5, au bout de
chaque bras.
En même temps elle Madame Louis proféraient [for proférait] des questions
furieuses et sans réponse, dans le
genre de, A quoi bon?
Ses cheveux
se dénouaient alors et lui tombaient
autour du visage.
Ceux-ci étaient
abondants, gris et sales, car elle
n'avait pas le temps de s'en occuper,
et celui-ci le visage était pâle et
maigre et comme gougé par l'amert
les soucis et par l'amertume en
résultant.
La gorge - non, c'est
la tête qui importe et les bras qu'elle
appelle les premiers à son secours, qui
se croisent, gesticulent et puis
reprennent sagement en maugréant le travail,
soulevant des objets inertes et les
changeant de place, les rapprochant
et les écartant les uns des autres.
Mais ce cette pantomime et ces paroles amères
n'étaient pas à l'adresse de Sapo, ni
de personne en particulier.
Car tous
[ADDITION]Addition on page
90v
les jours que Dieu fait, et plusieurs
fois par jour, cela lui prenait, elle à la maison
ne s'occupait pas alors de savoir
si elle était seule ou non
et aux champs.
Elle ne s'occupait
pas alors de savoir si elle était seule
ou non, si ce qu'elle était en train
de faire était urgente [for urgent] ou si pouvait
attendre.
Mais elle lâchait tout
et se mettait à crier et à gesticuler,
seule au monde probablement et in-
différent [for indifférente] à ce qui se passait autour
d'elle.
Puis elle s'im se taisait, et restait un moment
s'immobilisait
immobile, avant de reprendre
le travail qu'elle avait abandonné
ou de se précipiter vers un autre.
[0807] Souvent il Sapo restait seul, près près de la fenêtre,
de la fenêtre,
le bol de lait de chèvre sur la table
devant lui, oublié.
[0808]
C'est l'été. C'était
l'été.
- Segments
Malone meurt / Malone Dies © 2017 Samuel Beckett Digital Manuscript Project.
Editors: Dirk Van Hulle, Pim Verhulst and Vincent Neyt